Une évaluation de l’impact de la COVID-19 sur la santé mentale des Canadiens : une étude longitudinale

Karolina Kaminska

Les impacts

  • La propagation de la COVID-19 à travers le Canada n’a pas seulement affecté la santé physique, elle a également déclenché une crise en santé mentale. Ce projet de recherche s’inscrivait dans un effort national visant à mieux comprendre comment les Canadiens faisaient face à cette situation, quels obstacles freinaient l’accès aux services de soutien, et comment améliorer ces services à l’avenir.

  • Les données recueillies ont joué un rôle majeur en aidant Santé publique Canada et le groupe de travail fédéral sur la COVID-19 à répondre aux impacts de la pandémie sur la santé mentale. Cette recherche a fourni des renseignements essentiels aux décideurs politiques et aux prestataires de services à travers le pays, en analysant les modes d’accès aux services de santé mentale ainsi que les besoins non comblés de la population.

  • Une troisième partie de la recherche a porté sur la manière dont les personnes atteintes d’une maladie grave ont accédé aux soins de santé mentale. Les résultats ont permis de jeter les bases d’études futures, y compris la thèse de doctorat de la chercheuse.

« Cette bourse m’a permis de découvrir le projet de sondage national de la RSMC, d’explorer l’application de l’analyse statistique à des données issues d’un sondage à l’échelle nationale, ainsi que d’approfondir ma compréhension des enjeux liés à la santé mentale au Canada. L’expérience directe avec des données réelles m’a permis d’enrichir mes connaissances sur les schémas d’utilisation des services de santé, renforçant ainsi mon expertise en tant que chercheur et évaluateur émergent dans ce domaine. »

— Karolina Kaminska

  • Ontario

  • Bourse d'études

  • Université de Waterloo

  • La Recherche en Santé Mentale Canada

  • Mitacs, Santé Canada

  • 2023-2024

  • La santé de la population

  • Tous les communautés

À propos du projet

Ce projet visait à observer l’évolution de la santé mentale à travers le Canada, en mettant l’accent sur les communautés les plus exposées à des difficultés sociales ou économiques. Il s’est penché sur des facteurs comme le logement, la sécurité alimentaire et la consommation de substances, ainsi que sur l’impact de ces pressions pendant la pandémie. La chercheuse a aussi examiné le fossé entre les personnes ayant exprimé un besoin d’aide et celles ayant effectivement pu y accéder. Elle a examiné les modalités de financement des services, la durée du soutien reçu, ainsi que les types de professionnels consultés. Une attention particulière a été portée à la façon dont la gravité des troubles influençait l’accès à l’aide, notamment pour les populations les plus vulnérables.

La méthodologie

Cette recherche s’est appuyée sur un sondage nationale évaluant la santé mentale de la population canadienne. Le sondage comprenait des mesures reconnues de l’état de santé mentale, de la consommation de substances, du stress post-traumatique, ainsi que des indicateurs clés des conditions sociales, comme le logement et la sécurité alimentaire.

  • La collecte des données : Dans le cadre de ce projet, 20 sondages ont été menées entre avril 2020 et 2023, à des intervalles d’environ 6 à 12 semaines. Ces sondages ont été élaborés en collaboration avec des experts universitaires ainsi que des représentants des secteurs fédéral, provincial et privé. L’approbation éthique a été obtenue de l’Université de Waterloo. De plus, les enquêtes ont été administrées par l’institut de sondage national Pollara, à partir d’un échantillon représentatif de chaque province canadienne.

  • La conception du sondage : Les participants ont fourni des renseignements démographiques et socioéconomiques, permettant à l’équipe de chercheurs d’identifier les communautés les plus durement touchées par la pandémie. Ils ont également été interrogés sur la dépression, l’anxiété, les sources de détresse (comme les contraintes financières et l’isolement), ainsi que sur l’accès aux services de santé mentale dont ils avaient besoin. Dans certaines provinces, des sondages supplémentaires ont permis de recueillir des données locales plus détaillées. Les résultats ont été analysés de façon à garantir une représentativité à l’échelle nationale.

  • L’analyse des données : L’analyse a porté sur la fréquence et la durée du recours aux services de santé mentale, les modes de paiement de ces services, ainsi que les types de soutien utilisés. Les résultats ont été comparés selon divers facteurs sociodémographiques, notamment l’âge, le sexe, le revenu, la région, l’origine ethnique, ainsi que des indicateurs cliniques tels que la gravité des problèmes de santé mentale ou de consommation de substances. L’étude s’est également penchée sur le niveau de satisfaction des participants à l’égard des soins reçus.

Vous pouvez consulter les résumés des sondages à l’adresse suivante : https://www.mhrc-rsmc.ca/sondage-national.

Les résultats

Qui a reçu de l'aide et qui n'en a pas reçu :

  • Les jeunes adultes âgés de 16 à 34 ans étaient les plus susceptibles de recourir aux services de santé mentale (19%), comparativement à seulement 7% chez les adultes plus âgés.

  • Les personnes non binaires étaient celles qui ont exprimé le plus grand besoin de soutien en santé mentale : 46% ont déclaré avoir besoin d’aide, mais seulement 36% ont effectivement pu en obtenir.

  • Les femmes ont accédé des services de santé mentale dans une proportion plus élevée que les hommes, indiquant une différence marquée dans le recours aux soins selon le genre.

  • L’accès aux services de santé mentale était relativement homogène d’un groupe ethnique à l’autre, toutefois, les communautés caribéennes et africaines présentent les taux les plus élevés de besoins non satisfaits, atteignant 12%.

  • Les personnes gagnant un salaire annuel inférieur à 30 000 $ étaient également plus susceptibles de ne pas obtenir les soins dont elles avaient besoin.

Comment les Canadiens ont utilisé les services de santé mentale financés :

  • Parmi les personnes ayant eu recours à des services de santé mentale, 53% se sont tournées vers des services privés et payants.

  • 32% des participants ont eu recours à des soins de santé mentale couverts par les fonds publics.

  • Par ailleurs, 21% des répondants ont utilisé des ressources gratuites en ligne, tandis que 12% se sont tournés vers des services offerts par la communauté.

  • Les personnes ayant recours à des services privés tendent à demeurer plus longtemps dans le système de soins. Du côté des usagers des services publics, 56% étaient toujours en traitement au moment de l’enquête.

  • En revanche, seulement 21% des utilisateurs continuaient à utiliser des outils gratuits, et 34% bénéficiaient encore de soutiens communautaires.

Accès aux soins avec une maladie grave :

  • Les personnes souffrant de symptômes graves d’anxiété, de dépression ou de troubles liés à la consommation de substances étaient plus susceptibles d’éprouver un besoin d’aide en santé mentale.

  • Toutefois, ce sont les personnes souffrant de graves problèmes de toxicomanie qui se heurtent aux obstacles les plus importants :

    • 24% des personnes ayant une consommation grave de cannabis ont eu besoin d’aide, mais ne l’ont pas obtenue.

    • 20% des personnes souffrant d’une consommation grave d’alcool ont également des besoins non satisfaits.

    • En comparaison, 12% des personnes atteintes de dépression grave et 9% des personnes souffrant d’anxiété grave n’ont pas reçu les soins nécessaires.

La portée du projet

Ce projet ne prévoit pas d’expansion supplémentaire pour le moment. Toutefois, sa portée nationale lui permet déjà d’orienter les recherches futures et de contribuer à la mise en place d’un système plus robuste et réactif au service de tous les Canadiens.

Les ressources produites