La collaboration interprofessionnelle de navigateurs autochtones dans l’accompagnement de personnes à risque ou en situation d’itinérance
Odile-Anne Desroches
Les impacts
Le projet a contribué à l’avancement de connaissances et de pratiques en santé mentale, en identifiant des leviers concrets pour renforcer la collaboration entre les intervenants en itinérances.
Le but du projet était de mieux soutenir les personnes vivant des enjeux de santé complexes, dont des troubles de santé mentale.
Les résultats seront partagés avec des organisations communautaires (autochtones et non-autochtones) et des organisations de santé afin de les outiller à l’intégration de navigateurs autochtones ou de personnes avec du savoir expérientiel au sein de leurs équipes de soins.
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Québec
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Bourse d’études
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Université de Montréal
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Médecins du Monde Canada
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Fonds de Recherche du Québec - Santé (FRQS)
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2023-2024
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Les déterminants sociaux de la santé
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Les soignants, les personnes autochtones, les personnes en itinérence
À propos du projet
Au Canada, les personnes autochtones sont surreprésentées parmi les personnes en situation d’itinérance. Les trajectoires les menant à l’itinérance sont distinctes, notamment par une prévalence supérieure de troubles de stress post-traumatique associée aux traumatismes intergénérationnels. De plus, les personnes autochtones en situation d’itinérance sont confrontées à de nombreuses barrières dans l’accès aux soins. Pour faciliter cet accès, la chercheuse a réalisé des programmes de navigation autochtones qui adoptaient une approche holistique de la santé, centrée sur les besoins individuels.
Les navigateurs sont des personnes autochtones qui rejoignent les personnes dans la communauté et établissent des relations de confiance pour favoriser l’accompagnement à travers les parcours de soins. En étant intégrés dans les équipes de professionnels de la santé, les navigateurs font toutefois face à des barrières dans leur collaboration avec ces derniers, telles qu’un manque de compréhension de leurs collègues envers leur rôle et de la discrimination.
Le projet visait donc d’explorer comment les navigateurs autochtones collaborent avec les professionnels des équipes où ils sont intégrés, d’identifer les facteurs qui facilitent ou défient cette collaboration et de proposer des solutions pour améliorer le soutien offert aux personnes autochtones en itinérence.
La méthodologie
Le projet a étudié un programme de navigation autochtone, au sein d’un organisme allochtone montréalais, où dix entrevues semi-dirigées ont été effectuées auprès de huit professionnels (navigateurs, infirmières, gestionnaire). Ces dix entrevues semi-dirigées ont été complémentées de sept sessions d’observations sur le terrain. Une analyse thématique hybride a été utilisée, combinant une approche déductive (fondée sur des hypothèses et d’un cadre conceptuel de collaboration interprofessionnelle) et une approche inductive (ancrée dans les données).
Les résultats
L’étude a démontré que la collaboration interprofessionnelle, lorsqu’elle est bien soutenue, favorise l’accès à des ressources variées, des soins holistiques et des suivis mieux coordonnés. Ce sont des éléments clés pour répondre aux besoins complexes, notamment en santé mentale ainsi qu’aux besoins des personnes autochtones en situation d’itinérance.
Cette collaboration a été facilitée ou freinée par divers facteurs :
le contexte de travail incertain,
l’ambiguïté des rôles,
les attentes divergentes entre professionnels, et
les antécédents culturels partagés entre collègues.
Malgré les tensions possibles, les relations positives et la reconnaissance des savoirs expérientiels (notamment ceux des pairs navigateurs) ont renforcé la compréhension mutuelle et la capacité collective à répondre aux besoins des personnes accompagnées.
Les résultats ont souligné l’importance d’initiatives comme la formation à la diversité, la réflexivité professionnelle et le développement d’un climat de confiance pour améliorer la collaboration et, ultimement, la qualité des soins en santé mentale.
Les résultats ont également informé sur les défis de l’intégration d’experts de vécus dans les équipes de soins et l’importance d’offrir des espaces de soutien appropriés. Par exemple, il est essentiel d’offrir un accès au soutien psychologique à ces travailleurs, compte tenu de leur exposition répétée à des situations de travail difficiles.
L’offre d’espace de soutien culturel a aussi été soulignée par des participants autochtones, par exemple l’accès à des rencontres avec un(e) Aîné(e) de la communauté.
L’échelle du projet
Ce projet consistait en une étude de cas réalisée à l’échelle locale, qui reflétait les réalités liées à l’itinérance à Montréal. La nature qualitative et spécifique de l’étude, c’est-à-dire l’accent mis sur des données descriptives et approfondies, a permis d’exprimer la complexité de ces réalités. Cette nature qualitative et spécifique limite toutefois la généralisation des résultats à d’autres milieux. Les résultats seront néanmoins disséminés au niveau local.
Les ressources créées
Un webinaire créé par Siméon, J., Desroches, OA. (la chercheuse), intitulé : Documenter la navigation autochtone : apprentissages d’une collaboration de recherche, (2024). Webinaire de la Chaire de recherche sur la réduction des inégalités sociales de santé, Canada Disponible en ligne :
Un article rédigé par Desroches, OA. (la chercheuse), intitulé : Collaboration interprofessionnelle de navigateurs autochtones au sein d’une équipe communautaire dans l’offre de soins de proximité aux personnes en situation d’itinérance, (2024). Université de Montréal. Superviseur : Boivin, Antoine ; Houle, Janie. Disponible en ligne :
Un article soumis pour publication au Journal of Interprofessional Care, dans le but de disséminer les résultats à la communauté scientifique
Un rapport intégrant notamment les résultats de la recherche (de même que les résultats d’une recherche plus large dans laquelle elle s’inscrivait) est en cours de rédaction, en partenariat avec Médecins du Monde Canada, duquel pourraient découler d’autres outils de vulgarisation et mobilisation des connaissances.